Blagnac Rugby
William Laguerre : un crochet dans l'Histoire
Nous vous donnons rendez-vous samedi à 18h30 lors de la rencontre Blagnac / US Dax pour remercier William Laguerre pour ses 26 années sous les couleurs blagnacaises !

Se lever tôt, faire son sac, supporter de longues heures en bus, jouer et enfin rentrer à pas d’heure quand les rencontres ne sont pas à domicile. Ce rituel immuable rythme les fins de semaine de William Laguerre depuis maintenant 26 ans. 129 matches en équipe première et un titre de champion de France plus tard « Wiwi » a décidé de casser la routine, une bonne fois pour toute. « C’est étrange déjà contre Marmande en amical j’étais dans les tribunes et ça fait très bizarre », peine à décrire le tout nouveau retraité vieux de seulement 33 ans. Il va visiblement falloir un peu de temps à ce pur caouec pour réaliser tout le chemin parcouru des poussiéreux terrains d’entrainement à la verte pelouse du stade Ernest-Argelès. « J’ai commencé le rugby à 7 ans j’avais fait un passage au foot avant mais ils ont bien vu que j’avais les pieds carrés donc on m’a mis au rugby », raconte William nous permettant au passage de saluer l’initiative de ses parents.
Un bouclier et des promesses Imaginez… Ses crochets courts, ses appuis déroutants, sa capacité à créer du danger là où il n’y en avait pas, un autre choix que le rugby et Blagnac aurait été privé de tout ça. Un autre choix que le rugby et « l’Histoire du club » aurait été totalement différente comme le dit si bien celui qui l’a lancé en équipe première en 2008. « J’entrainais le groupe espoirs à l’époque et William sortait déjà du lot, puis Blagnac a été rétrogradé on m’a demandé de prendre en main l’équipe première et il faisait partie des joueurs avec lesquels on voulait rebâtir le club », se remémore Olivier Carbonneau. « Il avait déjà tout, la vitesse, la technique, le physique et aurait pu facilement jouer en Pro D2, j’ai rapidement fait le forcing pour qu’il reste en appelant son père et en lui présentant le projet, ils m’ont écouté et je les en remercie encore aujourd’hui », salue l’ex co-entraineur de l’équipe championne de France de Fédérale 2 en 2010. Auteur du premier essai en finale contre Strasbourg (victoire 33-12), le très explosif ailier fait ses premiers ravages dans les défenses, participe activement à la reconstruction du club et soulève le bouclier, « C’est l’un de mes meilleurs souvenirs, je ne jouais pas trop en début de saison puis une fois la montée actée, Olivier Carbonneau et Arnaud Costes m’ont donné une chance. Je m’en souviens encore c’était à L’Isle-Jourdain ». Un huitième de finale rude, émaillé d’une violente bagarre, bref pas le genre de match où l’on peut repérer le talent d’un ailier. Et pourtant « Wiwi » se fait une place de titulaire, il ne la quittera plus jusqu’au titre et fera partie d’une sacrée ligne de trois-quarts avec des compères comme Romain Fuertes et Jean-François Breton, tous issus de la formation blagnacaise.
Le feu-follet s’est bien calmé Année après année, saison après saison et match après match William Laguerre s’est fait une solide réputation. D’ailleurs quand on demande un souvenir du joueur qu’il était, coéquipiers et supporters ne réfléchissent pas longtemps. Tous ressortent des histoires, des flash-backs d’essais incroyables lors desquels il passait à lui seul toute la défense adverse en revue. Cependant quand on pose la question à Romain Fuertes ou Jeff Breton la réponse est nettement plus drôle : « au début on aurait dit un joueur de football US, un running back qui cherchait à gagner des yards à tout prix, on lui aurait mis un bandeau autour de la tête c’était pareil, il fonçait partout, rebondissait, sprintait », décrit hilare le désormais entraineur des trois-quarts qui a pu suivre l’évolution de William. « C’était un poulet sans tête… il avait des qualités hors-normes, il était intouchable mais on lui criait dessus pour qu’il fasse la passe », avoue l’ancien trois-quarts centre de Blagnac retraité depuis 2016. « C’est vrai que j’étais un peu comme ça au début », rit le concerné avant de remercier Christophe Deylaud qui lui a fait entamer une mutation dans ses dernières saisons, « avec l’âge j’étais moins explosif et j’ai évolué vers un registre plus passeur en jouant au centre, j’aurais aimé connaitre Christophe plus tôt ».
L’idole des entraineurs et des préparateurs Un compliment qui peut marcher dans les deux sens tant William est pour tous « le joueur parfait à entrainer ». « C’est un garçon humble, intelligent, gentil honnêtement si tous les gars pouvaient être comme lui ce serait trop facile d’entrainer », confirme Olivier Carbonneau. « C’est celui qui comprend le mieux le système prôné par Christophe, c’est un guide pour les jeunes, un mec d’humeur égale et d’une grande gentillesse », ajoute Romain Fuertes allant de pair avec Jeff Breton, « dans le rugby il y a des gars avec lesquels tu deviens plus que de simples coéquipiers et il fait partie de ceux-là, on a tissé des liens très forts ». Véritable portrait-robot du rugbyman idéal, le tout jeune retraité s’est aussi longtemps démarqué par son plus gros point fort : la condition physique. « C’est un monstre de physique », lance son désormais ex-entraineur. « Il mettait des tours à tout le monde, je le voyais souvent devant moi durant les tests », souligne Jeff Breton en poussant un peu plus l’anecdote, « il partait tous les étés à la montagne dans son chalet familial et il faisait des entrainements à la Rocky Balboa… ». Féru de course, l’intéressé ne dément pas et jure qu’il continue encore de s’entrainer alors qu’il vient de raccrocher les crampons, « j’aime me faire mal, être dans le dur, j’adore la course et je fais des sorties de 10 km en ce moment », assure l’athlète également champion de bras de fer…
Il n’a perdu qu’une seule fois au bras de fer « Oui le bras de fer, c’est un truc qu’on a lancé quand on débutait la muscu », se rappelle bien William. « On faisait de la gonflette, nos séances c’étaient biceps et développé couché, il n’y avait pas tous ces trucs d’élastiques ou de mobilité là ! D’ailleurs c’est ce que je dis pour chambrer les préparateurs physiques il faut qu’ils remettent les jeunes sous les barres », plaisante le champion toutes catégories de la célèbre épreuve de force. « Il va vous dire qu’il est invincible mais ne le croyait pas », prévient Jeff Breton avant de révéler, « je l’ai vaincu une fois, lors d’un réveillon, le bras de fer c’était son fonds de commerce mais ce soir-là il a plié ». La légende autour de cette invincibilité gardera donc sa part de mystère et au moment d’annoncer son départ à l’équipe lors de l’intersaison, William a demandé à ce que la tradition du bras de fer perdure. Plus sérieusement, il a aussi souhaité que « l’ambiance conviviale et familiale qui font la force de ce club soit préservée par les cadres actuels et les jeunes ». « C’est ce qui fait que je suis toujours resté, j’ai dit ça aux coéquipiers soyez sympas avec les nouveaux et les dirigeants et surtout essayez le plus possible d’être exemplaires », a conclu ce roi du crochet et maître dans l’art du zigzag qui finalement vient de montrer chemin le plus simple pour entrer dans l’Histoire son club.
Maxime Brossard