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  • Photo du rédacteurBlagnac Rugby

Rugby-boulot-dodo avec Kenza Necer

Jouer au rugby à haut-niveau est une histoire de travail mais également de talent. Pour tous les sceptiques, il suffit de regarder le parcours de Kenza Necer. Des terrains pelés du championnat UNSS à ceux de l’élite du rugby féminin français il semble n’y avoir qu’un pas ou plutôt, seulement, 7 ans. Retours sur une ascension fulgurante, une brusque passion du ballon ovale et un coup de foudre pour Blagnac.


🏉

Quand et comment t’es venue l’envie de jouer au rugby ? J’ai commencé le rugby à 16 ans à Saint-Céré dans le Lot d’où je suis originaire. Dans ma classe tout le monde en faisait j’ai donc suivi les copines. Puis j’ai rencontré Manon André qui m’a proposé de venir à Blagnac alors que je devais descendre à Toulouse pour faire mes études ensuite c’est allé très vite et tout s’est fait sans ambition si je peux dire, je suis passée des cadettes au Top 8 sans vraiment m’en rendre compte au départ.


En seulement 3-4 ans tu es donc passée d’un championnat UNSS à l’elite du rugby féminin… Je ne m’en suis pas forcément aperçue. Je ne connaissais rien au rugby, pour te dire je pensais que l’Armelle Auclair c’était la première division… Tout s’est enchainé quand la talonneur de l’équipe première s’est blessée et que forcément une place s’est libérée sur le banc. Je suis retournée en équipe deux par la suite mais on peut dire que j’ai très rapidement plongé dans ce haut-niveau.


Jouer si haut aussi vite, l’ascension n’a pas été trop brutale, comment es-tu parvenue à t’adapter ? C’est vrai que l’opportunité d’évoluer en équipe première est arrivée rapidement et je me suis posée plein de questions à ce moment-là d’autant que la chance de pouvoir participer aux sélections pour l’équipe de France U20 s’est également présentée en même temps. A cet instant, alors que je n’avais jamais vraiment douté, j’ai eu du mal à gérer cet emballement et j’ai eu une période de remise en question avant de finalement retrouver un meilleur état d’esprit et reprendre confiance.


Tu as connu beaucoup de rebondissements très rapidement mais as-tu eu le temps de te forger un meilleur souvenir ? (Elle réfléchit longuement) …Je n’en ai pas… Non vraiment je ne vois pas là… En fait c’est toute cette « aventure » inattendue que je suis en train de vivre avec le rugby qui est un bon souvenir. Cela me surprend tous les jours, j’ai découvert le rugby il y a peu et c’est devenu mon quotidien.


Et le pire souvenir… Désolé mais je ne vais pas être originale… Je vis dire comme mes autres coéquipières et évoquer ces échecs à répétitions en demies. Je pense que l’on est dans la bonne voie pour arriver à franchir ce cap avec les arrivées des cadettes et l’investissement du groupe. D’ailleurs à chaque fois que l’on a perdu en demie on s’est dit que la nouvelle saison commençait dès le lendemain, c’est cet état d’esprit qui me fait dire que l’on va y arriver.


Jusqu’ici on a toujours demandé si les joueurs ou joueuses s’étaient inspirés d’un modèle, d’un joueur célèbre, dans ton cas c’est différent semble-t-il ? Oui déjà, avant de parler de modèle, il faut savoir que j’ai dû me trouver un poste. Je n’y connaissais vraiment rien au rugby et c’est Romain mon premier entraineur qui m’a dit un jour : « allez tente de lancer le ballon par-dessus ma tête » en plus de mes qualités athlétiques il a dû se dire que j’avais un bon lancer pour pouvoir faire talonneur (elle rit) et ça a démarré comme ça.


Tu ne regardais donc pas le rugby avant de commencer, ça ne t’intéressait pas ? Pas du tout. J’adorais le sport mais je regardais uniquement le foot, les Jeux Olympiques, en gros la natation et l’équitation qui sont mes deux premiers sports. Mon idole c’était Laure Manaudou donc rien à voir avec le rugby et pire encore je me souviens que lors de mes premiers entrainements je ne savais pas qu’il fallait passer la balle en arrière, je plaquais les adversaires alors que nous étions en attaque (elle rit)… Bien plus tard j’ai eu la chance d’arriver à Blagnac et de côtoyer des joueuses du niveau d’Audrey Abadie ou Marjorie Mayans, elles étaient internationales et médiatisées, elles étaient des modèles en quelque sorte et à leur contact j’ai évolué. Et puis pour le poste de talonneur je regardais souvent Clara Joyeux surtout à mes débuts quand je ne connaissais rien, j’essayais de faire comme elle et je m’appuyais beaucoup sur elle pour progresser.


Directement talonneur, tu n’as pas eu la chance de connaitre d’autres postes, tu ne rêves pas de jouer à une autre place sur le terrain ? Déjà je peux te donner deux postes qui ne me font pas du tout rêver… (elle rit). Deuxième ligne et demi d’ouverture, deuxième ligne car c’est un poste que je trouve un peu cocasse voire flou et ouvreur car il y a trop de responsabilités… C’est la panique, il faut penser à tout. Bref, je dirai arrière, le fait d’être seul, de pouvoir relancer, je rêverai d’avoir de telles qualités physiques. Ça va de pair avec mon intérêt pour le rugby à 7. J’adore cette forme de jeu mais quand on y joue je me rends bien compte que je suis limitée heureusement la nouvelle formule à 10 est très intéressante et plutôt sympa.


Enfin il y a-t-il un geste technique qui te caractérise ? Sans hésiter c’est le fait de talonner un ballon adverse dans une mêlée. C’est mon péché mignon, c’est très difficile à réaliser car la balle vient de l’autre côté, on est donc plus éloigné et c’est un peu contre nature, il faut tendre la mauvaise jambe et réussir un geste assez technique mais du mauvais pied.


💼

Comme tu le disais, dans ta vie le rugby a pris une place importante au point d’être présent quotidiennement. Oui, je suis salarié du club. Je suis embauché en alternance, en parallèle je passe un BPJEPS afin de pouvoir travailler dans le domaine du sport. Grâce à la commission emploi et formation j’ai pu entamer cette formation et occuper le poste de secrétaire au club. Je m’occupe de toute la partie administrative, demande de subventions, réservations restaurants et hôtels pour les équipes, réservation des terrains… Et j’ai aussi la casquette d’éducatrice sportive, j’interviens dans les collèges et écoles de Blagnac.


Cette envie de travailler dans le sport t'es venue à quel moment ? J’ai toujours voulu faire du sport mon métier. Au début je suis venu à Toulouse pour faire STAPS mais j’ai quitté les bancs de l’université par la suite car je ne me suis pas fait au système universitaire. Au contact de coéquipières et notamment Audrey Abadie j’en ai appris un peu plus sur le métier d’éducatrice sportive et je me suis dit je veux faire ça.


Travailler dans le sport, transmettre ses valeurs et partager ta passion du rugby, c’est quelque chose que tu fais aussi via ton poste d’entraineur ? Oui j’entraine également et j’ai géré plusieurs catégories, depuis cette saison j’ai pris le relais de Manon André en cadettes malheureusement la saison a été stoppée à cause de la pandémie donc même si j’ai pris mes marques je n’ai pas réellement pu explorer toutes les possibilités et j’espère poursuivre l’aventure l’an prochain.


Pour enseigner ces valeurs justement, toi qui as pratiqué des sports individuels, qu’est ce qui fait que le rugby est différent des autres disciplines ? C’est l’état d’esprit. L’aspect collectif y est plus important, le rugby développe bien la notion de vivre ensemble, on juge moins on est plus ouvert et on se prend moins la tête que dans les autres sports. Je prends l’exemple du terrain quand une joueuse fait un mauvais choix pendant un match et bien tant pis on doit tout de même aller au soutien, ne pas la laisser seule. Cette solidarité je la retrouve aussi dans ce club, quand je suis arrivée à 18 ans j’ai trouvé plein de choses positives à Blagnac et plus ça va plus je suis fière d’appartenir à ce club. Blagnac a su garder un esprit « campagne, rural », il y a ce côté village, c’est qui montre que l’on peut vivre à taille humaine tout en ayant de l’ambition.


Tes qualités de joueuses te servent-elles dans ton quotidien, es-tu la même au travail qu’avec le maillot floqué du numéro 2 ? Je ne sais pas trop car ce poste que j’occupe actuellement est tout nouveau pour moi. Je mets du temps à prendre mes marques, j’ai moins d’automatismes que sur le terrain (elle sourit). Ça demande beaucoup d’organisation et il ne faut pas que je me mélange les pinceaux entre mon rôle de secrétaire, d’éducatrice, de joueuse et d’entraineur. Tout doit être bien compartimenté mais j’adore ce rythme de vie.


Tu fais du rugby de façon permanente, tu n’as pas besoin de couper de temps en temps ? Si et ça m’est arrivée il y a peu, notamment après ma période compliquée lors des présélections en moins de 20 avec l’équipe de France. J’ai eu besoin de couper et c’est quelque chose que je fais encore. Je rentre chez moi dans le Lot, je vois mes parents et je ne parle pas de rugby durant tout le week-end. Après j’y reviens naturellement et de moi-même car le rugby est en quelque sorte devenu le fil rouge de ma vie.


Comment s’organise tes journées, tu disais que tout était compartimenté, ce doit être un sacré planning ? La journée commence par une séance de musculation généralement de 8h à 9h. Puis je commence à travailler à Blagnac à 9h30/10 h. Je reste au bureau jusque vers 12h30 puis direction les collèges et écoles de la ville pour des initiations au rugby jusqu’à 17 h avant de rentrer chez moi pour manger et faire une petite sieste, si je ne fais pas ma sieste c’est catastrophique (elle rit). Ensuite j’entraine les cadettes puis je m’entraine avec les seniors. Le samedi c’est match avec les cadettes puis je joue à mon tour le lendemain. Les lundis ne sont pas trop difficiles du moins ils le sont moins qu’avant car le fait de commencer vers 9h30 me permet de me reposer de favoriser la récupération après de gros matchs ce qui n’était pas le cas quand je travaillais dans la grande distribution où dès 5 h du matin il fallait trier les produits dans des chambres froides… Aujourd’hui je mène une vie rêvée, le rythme est soutenu mais je l’ai choisi.


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Maxime Brossard

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