Blagnac Rugby
LES 10 ANS DU BOUCLIER Episode 5
LE CHAMPIONNAT DU GERS #9
Deux semaines après la montée, les phases finales débutent. Ce championnat de France de Fédérale 2 prend des allures de Coupe du Gers quand Blagnac apprend le nom de son adversaire : L’Isle-Jourdain. Ces mêmes Lislois contre lesquels ils avaient perdu l’an passé quasiment à ce stade de la compétition, ces mêmes Lislois qui ont réussi à s’imposer face aux Blagnacais lors de la phase aller et ces mêmes Lislois sur lesquels les Caouecs avaient pris leur revanche au match retour. Le dimanche 23 mai à Castelsarrasin ce sera donc « la belle ». « C’est bien simple on ne voulait pas revivre ce qui c’était passé au match retour (victoire 6-8) », révèle Olivier Carbonneau. « On avait ce coup-ci donné carte blanche aux joueurs, il n’y avait pas besoin de faire de grand discours dans les vestiaires avant le match », confie l’entraineur sentant l’envie d’en découdre de ses joueurs. « Ils avaient voulu nous impressionner mais on s’en était souvenu et sur le coup d’envoi on ne les a pas manqués », raconte-t-il comme pour évoquer un rugby à la fois si proche et si éloigné de ce qui se fait aujourd’hui.

Mine de rien ce 16e coute cher au BSCR, malgré la victoire 21-15 François Mensan, pilier et comptant parmi les pièces maitresses du pack, écope d’un rouge. L’équipe évolue à 14 tout le match, de l’énergie est dépensée et quelques blessés sont à déplorer. Cependant, la maitrise et l’abnégation avec laquelle Blagnac s’impose confirme qu’il sera très difficile de vaincre « ce groupe de patrons » comme le dit si bien Gilles Sicre. Propos confirmés lors du 8e de finale contre… Les Gersois de Miélan-Mirande. Véritable fil rouge, les duels Blagnaco-Gascons deviennent les chapitres de cette aventure. A Gimont, une fois de plus en territoire hostile, Blagnac s’impose 17-12. Sans le savoir, matchs après matchs, Blagnac arrive doucement mais surement à un tournant de son histoire, une rencontre qui va entrer à jamais dans la légende.

Un bouclier avant l’heure L’Isle-Jourdain en 16e, Miélan-Mirande en 8e et enfin Lombez-Samatan en ¼, après avoir bataillé toute la saison face aux Gersois nos Blagnacais se sont autoproclamés : champions du Gers. Un titre loin d’être usurpé et qui a même été symbolisé par la confection d’un bouclier devenu mythique. Olivier Carbonneau et Laurent Cettolo en sont les artisans et le trophée n’a d’ailleurs rien à envier au bouclier de Brennus, « on avait découpé l’image d’un gros canard gras que l’on avait collé sur une planche en bois », se souvient l’entraineur minutieux et soucieux du moindre détail, « on avait fait comme pour un vrai bouclier avec une plaque en dessous comprenant la mention « champion du Gers » et on avait fait graver tous les scores des rencontres contre les Gersois ». Bref, un vrai travail d’orfèvre.
UN COUP DE PIED DU DESTIN #10
A Beaumont-de-Lomagne l’air est suffocant. En tribune, le capitaine Nejmi Kara se prend la tête à deux mains. Entouré de Gersois, il a beau être le plus grand à cet instant il se sent tout petit. A ses côtés Fabrice Bassaber est assis. Lui aussi est blessé et n’a pas pu jouer ce quart de finale contre Lombez-Samatan. La prolongation touche à sa fin, le score est de 12-14 en faveur du LSC… Blagnac a longtemps dominé mais sans pouvoir marquer et leurs rivaux ont fait preuve de pragmatisme et de discipline jusqu’à ce moment fatidique. « Dernière action », hurle l’arbitre M. Piraveau, les Caouecs ont le ballon partent au ras du regroupement et les Gascons sont à la faute. Le chronomètre s’arrête en même que la respiration des Blagnacais. 45 m en coin, vent puissant et morceau d’histoire.
Le capitaine du jour Hamid Arif tend son index vers les poteaux… La décision parait irréelle, pourquoi ne pas aller en touche ? Pourquoi ne pas jouer la pénalité à la main et essayer d’avancer ? C’est l’ouvreur David Egea qui a tranché, la suite ce sont ses coéquipiers qui la racontent le mieux. « Je me dis bon tout va se jouer là, j’étais en sueur et sans voix », lâche Nejmi Kara.

« C’était insoutenable… Au fur et mesure que je descendais vers le terrain les Gersois chambraient et avaient commencé à envahir la pelouse », retrace Fabrice Bassaber et d’ajouter, « Je marche assez rapidement pour me mettre dans l’axe des poteaux. Je vois David qui s’élance et je me dis « ce serait un miracle ». La balle monte et tourne dans le ciel, je ne fais que fixer le ballon. Le temps se stoppe et là ça passe entre les perches… ». Blagnac s’impose 15-14 et vient de recevoir un sacré coup de pied du destin.

« Ce fut une explosion de joie… C’était indescriptible, d’autant que l’on pensait presque tous que c’était fini et pour l’anecdote peu avant sa tentative David avait reçu un pétard dans les pieds… mais il a été imperturbable », narre Olivier Carbonneau. Mutique son compère Arnaud Costes s’assoit sur le banc de touche et savoure le moment, il regarde la scène et se dit, « ce coup-ci plus rien ne peut nous arrêter ».
Bientôt la suite...