Blagnac Rugby
Gabrielle Vernier : "Si tu crois être différente le rugby c’est un sport qui accepte tout le monde"
Gabrielle Vernier, élue meilleure joueuse du Tournoi des six nations 2023
Après leur beau parcours mais la défaite face aux Anglaises et leur deuxième place acquise au Tournoi des six nations, la joueuse du XV de France Gabrielle Vernier vient d’être élue meilleure joueuse de la compétition.

Qu’est-ce qui t’as poussé à faire du rugby et depuis quand joues-tu ?
Je joue depuis que j’ai 10 ans, depuis donc 15 ans, j’ai commencé parce que mes frères en faisaient donc j’ai voulu me lancer dedans.
Quelles sont les principales valeurs que tu estimes importantes dans le Rugby et comment les appliques-tu dans la vie ?
Des valeurs de fairplay, vivre en groupe, être dans une équipe de 40 joueuses ce n’est pas évident, apprendre à prendre sur soi, à communiquer, écouter les autres. Dans le rugby il y a plein de valeurs du sport qui sont présentes, le respect, entre joueurs/joueuses, arbitres, dans la vie de tous les jours aussi, avoir du respect pour les gens c’est essentiel je pense que c’est le meilleur sport pour vivre dans notre société.
En tant que joueuse de rugby, quelles ont été tes plus grandes réalisations ?
Cette demi-finale de la coupe du Monde à Eden Park, malgré le fait qu’on ait perdu ça a été un des plus beaux matchs à vivre, un moment immense pour le rugby français, et bien sûr mon titre de championne de France avec Villeneuve-d’Ascq, un titre de championne de France, pour l’atteindre c’est compliqué donc il faut le savourer, pour être à Blagnac je sais comment c’est dur de gagner ce titre et bien sûr ma première cape avec l’équipe de France.
Quels sont les défis auxquels tu as été confrontée en tant que femme évoluant dans un sport traditionnellement masculin, et comment les as-tu surmontés ?
J’ai toujours été entourée par des personnes bien vaillantes, je n’ai jamais réellement eu de défis à affronter que ce soit quand j’ai commencé le rugby avec les garçons, j’ai été la seule fille, les entraineurs et joueurs faisaient toujours en sorte que je me sente bien, j’ai toujours été bien entourée. De toure façon les personnes qui font des remarques machistes ou autres ne trainent pas trop longtemps dans le coin, on sait les écarter rapidement, on est entouré de personnes qui adorent le rugby féminin, personne ne prend ça à la légère. Il y a encore des avancés à faire, je pense qu’on est au tout début, on a encore un grand avenir devant nous.
Les conseils que tu donnes aux filles qui aspirent à se lancer dans le rugby ?
Il ne faut pas qu’elles hésitent, il faut qu’elle fonce. Ça permet de s’affirmer et de trouver un groupe d’amies, pratiquer un sport d’équipe c’est exceptionnel, ça t’apporte beaucoup de choses, moi j’ai été une personne super timide avant de commencer le rugby, ça permet de transformer les personnes introverties, d’accepter les qualités de chacune. Même si tu crois être différente le rugby c’est un sport qui accepte tout le monde et qui sort le meilleur de chaque personne, c’est un très beau sport il suffit de se lancer.
Comment en tant que joueuse vois-tu l’avenir du rugby féminin et quels changements souhaiterais-tu voir pour favoriser son développement ?
Les changements sont longs, ils se font petit à petit mon souhait à venir est que toutes les joueuses de notre échelle, équivalente au Top 14 chez les hommes, que le rugby soit leur métier, à l’heure actuelle c’est compliqué car il y a des joueuses comme moi dont c’est le métier de jouer au rugby alors que beaucoup de joueuses travaillent la journée en plus de jouer au rugby le soir. C’est compliqué de progresser en équipe quand on est sur des statuts différents comme ça. À l’avenir que les clubs s’investissent dans la professionnalisation des joueuses et qu’ils mettent en place toutes les structures qui vont avec le professionnalisme, des salles de sports équipées, staffs avec des personnes compétentes dont c’est le métier de s’occuper de l’équipe de rugby.
Un bilan global à faire sur le tournoi ?
C’est mitigé, à la fois car nous étions en reconstruction, on n’a produit beaucoup de jeu on s’est éclaté durant le tournoi, on a retrouvé cet appétit offensif qu’il nous manquait, après sur le dernier match on a pas été à la hauteur malgré le résultat qui peut paraître serré se prendre 30 points en 20 minutes c’est pas possible à ce niveau-là quand on prétend être l’équipe de France et je pense qu’on avait le potentiel de faire autre chose, on va travailler pour revenir plus fort et l’année prochaine montrer un autre visage.
D’où vient l’évolution de votre jeu offensivement parlant ?
C’est beaucoup dans l’état d’esprit, dans le groupe et dans la manière de jouer. On se sentait super bien entre nous donc c’était top ensuite pendant les entrainements ça prenait les initiatives et tout le monde se lâchait un peu, on sentait une équipe plus détendue, sur de ces armes, ça s’est vu sur les matchs, chaque joueuse tentait des choses et une fois que tu les réussis les autres tentent plus de choses et c’est un cercle positif. À la fin tout le monde réussissait tout ce qu’il faisait donc c’est vraiment top. Nous étions détendues et nous aimions jouer ensemble.
Le fait de revenir à Blagnac, qu’elles sont désormais les objectifs avec le club ?
On ne va pas se le cacher, l’objectif principal sera de remporter le championnat de France, ça va commencer par le quart de final dimanche, on va essayer de se retrouver, ce n’est pas simple quand dix joueuses qui sont absentes deux mois et qui reviennent deux semaines avant les phases finales, retrouver des liens et du collectif ce n’est pas évident, ça se construit nous allons pas perdre de temps et de vraiment être à fond pour essayer de ramener le titre.
En tant que meilleure joueuse du tournoi, qu’elle a été l’adversité la plus compliquée à affronter ?
Les Anglaises. C’est l’équipe la plus compliquée à jouer, elles sont super fortes, avec un pack d’avant très solide, des arrières qui ont des cannes de feu, il y a du talent partout c’est un défi à relever.